11/25/2021
BRIGHTON, MON HISTOIRE D'AMOURDe quoi tombe-t-amoureux, au juste ? D'une enveloppe charnelle ? D'un esprit capable de faire résonner nos émotions les plus vraies ? Cette question, en apparence plutôt simple, trouve probablement autant de réponses que d'histoires nous liant les uns aux autres, et ce aussi loin qu'on y regarde. Il paraît donc vain d'essayer de trancher de façon définitive sur le sujet, pourtant une chose est sûre : lorsque nous y sommes confrontés, cela nous paraît à chacun d'une évidence confondante. L'auteur de ces lignes, qui se dévoile une fois n'est pas coutume, a fait l'expérience d'une rencontre amoureuse d'un genre que chacun de ses lecteurs comprendra sans doute. Sensible aux charmes du football anglais dès l'adolescence, son premier amour n'est autre que le club populaire du moment, à la beauté si évidente qu'il est alors impossible de ne pas y succomber. Invincible, dotée d'un fort caractère mais tout à la fois si gracieuse qu'elle fait tourner toutes les têtes, la beauté fatale de Londres à l'arsenal de charmes en tous genres lui vole son jeune coeur de candide. Pourtant, petit à petit, le temps fait subir ses outrages. L'ancien canon pense se faire toujours aussi belle qu'autrefois, quand elle ne fait que farder la réalité. Passées les tentations d'un soir (de match), les disputes, l'incompréhension, surgit fatalement, comme souvent, la rupture. Un point de non-retour nourri par la divergence de trop. Désormais adulte, ce coeur beaucoup moins naïf perçoit la passion différemment. Il faut du sens, il faut des valeurs, il faut quelque chose d'agréable à l'oeil, bien sûr, mais d'une beauté moins futile, moins tapageuse, mais au contraire plus profonde. Il faut un vécu, une histoire, avec autant de bas que de hauts. Il faut aussi penser à l'avenir, car on n'a la chance de tomber amoureux que très peu de fois au cours d'une vie. Alors, le palpitant se remet à vibrer, et la passion s'embrase à nouveau. Cette fois, c'est pour la beauté singulière d'une ville côtière du Sud que ce coeur, désormais sûr de ses choix, promet dorénavant fidélité. UN CHARME DISCRET En apparence, il semble que tomber amoureux d'un club sans trophée notoire malgré 120 ans d'existence relève soit de la passade d'un soir, soit d'une vision quasi holistique. Ce que je vois dans ce club d'un oeil extérieur, c'est une maturation lente après une naissance et une adolescence compliquées, vers un tout pleinement cohérent, à la beauté à la fois plurielle et durable. Il faut attendre près de 80 ans pour que Brighton & Hove Albion atteigne la première division. C'est sous la présidence de Mike Bamber, et avec Alan Mullery sur le banc que les Seagulls ("mouettes" en anglais) sont promus pour la première fois en 1979. Une saison cauchemar ponctuée par une dernière place, une défaite en finale de FA Cup perdue lors d'un replay contre Manchester United et un changement d'entraîneur infructueux. Pis, quatre ans plus tard, l'équipe tombe même en 3ème division. En proie à de gros soucis financiers, le club est même contraint de vendre son stade de Goldstone Ground en 1997, après des années de remous sans saveur, entre instabilité sportive et luttes internes pour assainir le club. C'est alors que sous l'impulsion du businessman local Dick Knight, la direction du club est chassée par les fans lassés de voir leur club voguer à vue, et ulcérés de voir leur terrain vendu à des promoteurs immobiliers. Knight arrive à ses fins, et au cours des années qui suivent, il acquiert près de 30% des parts du club. Et, après deux saisons d'exil à Gillingham, il permet enfin au club de rejouer à domicile au Withdean Stadium, une ancienne piste athlétique reconvertie en stade de football, nichée dans une bucolique réserve naturelle au nord de Brighton. ENCORE UN PARI RÉUSSI POUR TONY BLOOM Le retour à Brighton réussit parfaitement aux joueurs, qui obtiennent en 2001 leur promotion pour le Championship. Une joie de courte durée, puisque ils retombent rapidement dans les affres de la League One. Le club ne parvient toujours pas à s'extirper des divisons inférieures d'un football anglais qui vend chèrement ses places pour l'élite. La course est rude, et si vous n'êtes pas préparé au combat, vous n'avez aucune chance. L'exemple de la mobilisation de toute une ville pour permettre au Brighton & Hove Albion de retrouver un stade sur ses terres montre à quel point la solution ne pouvait venir, comme avec Dick Knight, que de l'intérieur. Seule une personne du cru peut comprendre la frustration engendrée par tant de tourments malgré une volonté évidente de faire mieux. Il faut aussi avoir une sacrée dose de courage, de patience et de méticulosité pour affronter tous les challenges qui se posent dans une telle situation. Un pari à tenter, en somme. Un coup de poker. Cela tombe bien, dans le coin, il y a un excellent joueur de Hold'em qu'on surnomme Le Lézard. Tony Bloom est un enfant de Brighton, through and through ("pur et dur", ndlr). Né en 1970, il est fan du club depuis sa plus tendre enfance et a même une histoire toute tracée avec lui : son grand-père Harry en a été le vice-président dans les années 70, et son oncle Ray est un membre du board. Mais la filiation attendra. Tony est un matheux, il calcule vite, très vite. Il aime aussi le pari sportif et les casinos, qu'il fréquente dès ses 15 ans grâce à une fausse pièce d'identité. Bloom ne remporte aucun tournoi majeur en solo mais finit souvent très bien placé ; sa seule victoire notable est remportée avec l'équipe britannique lors de la Pokers Nation Cup de 2005. L'année suivante, il fonde sa société à Londres, Starlizard. Spécialisée dans les paris sportifs en ligne, elle est une sorte de conseiller pour riches investisseurs. Si ses employés ont interdiction de miser, ses clients permettent à Bloom de devenir une figure incontournable du secteur, grâce à des algorithmes de prédiction particulièrement efficaces. Mais il n'est pas qu'un businessman : tout son entourage s'accorde à dire qu'il a également réussit parce qu'il possède une intelligence émotionnelle au moins équivalente à ses aptitudes mathématiques, et qu'il est aussi généreux et simple dans la vie que dur en affaires. En 2009, c'est alors presque naturellement que Bloom acquiert 75% des parts du club détenues par Dick Knight. Dès son arrivée, le club investit plus de 110M€ dans la construction d'un nouveau stade, un projet indispensable pour assouvir le projet de rejoindre durablement l'élite du football anglais. Withdean ne contient que 1350 places et est vieux de 73 ans à ce moment-là ; de plus, l'enjeu du stade et les déboires économiques qu'il a créé dans les finances du club n'offre pas d'autre alternative. Le Falmer Stadium est ainsi inauguré deux ans plus tard. Dotée d'environ 22 000 places, cette enceinte moderne offre un cadre digne aux ambitions du club. L'ascension en Premier League ne se fait toutefois pas immédiatement, mais ces nouvelles installations lui permettent d'attirer des noms prestigieux sur le banc des Seagulls. Gus Poyet, Oscar Garcia et Sami Hyypiä se succèdent sur le banc de l'Amex Stadium, renommé ainsi en raison d'un contrat de naming contracté avec American Express, dont les locaux européens sont situés à Brighton, et qui figure comme le principal employeur de la ville. C'est finalement Chris Hughton qui parvient à faire monter le club en Premier League, après une campagne 2016/17 maîtrisée de bout en bout. Si les bases sont déjà alors déjà posées au moment de cette seconde promotion en première division, il faut attendre deux ans et deux maintiens (15ème et 17ème place) pour voir l'organigramme du club prendre sa forme actuelle. SUSSEX STORY Dès 2012, Bloom nomme Paul Barber comme directeur général exécutif. Riche d'expériences en tant que directeur marketing et communication au sein de la fédération anglaise, où il a notamment eu la charge de sceller des contrats de sponsoring avec différentes multinationales, de participer aux négociations avec les diffuseurs locaux ou encore de repenser la reconstruction de Wembley, puis à Tottenham et à Vancouver où il occupait un poste similaire à celui qu'il représente actuellement dans le Sussex, Barber est l'homme fort de Bloom, qui se sait à la fois émotionnellement trop attaché au club et trop inexpérimenté pour en assurer le fonctionnement stable nécessaire à sa survie dans l'élite. Côté recrutement, Paul Winstanley est débauché en 2014 à Derby County pour prendre la direction de la cellule de scouting. Après un début de carrière en tant qu'analyste de la performance à Wigan, il devient responsable du département d'analyse dans le Derbyshire. Convaincu par l'apport d'une approche chiffrée froide et fiable qui ont fait son succès et sa fortune, Bloom estime que le recrutement passe bien sûr par un travail de scouting traditionnel, mais également par une lecture statistique devant permettre de réduire tout risque, et d'optimiser chaque investissement. Le profil de Winstanley correspond à ce besoin, et ce dernier met rapidement en place une stratégie de recrutement très internationale. Brighton sait parfaitement que l'inflation ayant cours en Angleterre complique sérieusement ses chances d'attirer les meilleurs talents locaux de Premier League, et même de Championship. Il faut donc se tenir prêt à regarder du côté de la League One (Connor Goldson, Gaëtan Bong) et de championnats moins cotés (Anthony Knockaert, Pascal Gross, Mathias Normann) pour s'armer. Les paris ne sont malheureusement pas toujours payants, à l'image de Jürgen Locadia (PSV, 17M€), José Izquierdo (FC Bruges, 14,5M€) ou Alireza Jahanbakhsh (AZ, 19M€), payés bien trop chers après n'avoir pas assez montré. L'argent de la montée a été mal dépensé au départ, et l'approche est aujourd'hui bien différente grâce à l'apprentissage de ces échecs. Un apprentissage express qui est aussi lié à l'arrivée en 2018 d'un directeur technique, un poste alors relativement inexistant au sein de la Premier League. Avec un rôle chapeautant à la fois le recrutement, la formation, le football féminin mais aussi le médical, Dan Ashworth rejoint Brighton après un passage remarqué au sein de la fédération anglaise. À l'origine du renouvellement de la méthodologie de la formation en Angleterre entre 2013 et 2018 dans un poste de directeur du développement élite, il est directement impliqué dans les succès des sélections de jeunes via son programme "England DNA". Grâce à ce travail de restructuration, les U17 et U20 deviennent Champions du Monde en 2017, les U19 sont Champions d'Europe la même année, et les U21 atteignent les demi-finales de leur Euro. Auparavant directeur de la formation à Peterborough, Cambridge United et West Bromwich, Ashworth est particulièrement reconnu pour son oeil de détecteur de talent chez les jeunes. Son arrivée dans le Sussex s'explique aussi par la volonté de Bloom de miser fortement et intelligemment sur la formation, en offrant un cadre idéal aux jeunes du Royaume pour percer en Premier League. Dans un environnement sain, avec un chemin clair et assumé vers l'équipe première et une philosophie de jeu attrayante, Brighton a toutes les cartes en main pour devenir l'une des meilleures académies en Angleterre. FOREVER YOUNG Le projet de l'académie a d'ailleurs débuté avant l'arrivée d'Ashworth. C'est avec la nomination en 2012 de John Morling, ancien entraîneur et "player development manager" avec les U16 et U17 de l'équipe nationale de République d'Irlande, que tout commence. Brighton n'est alors pas doté d'installations suffisantes, et son académie est classée en 4ème catégorie par une agence d'audit externe qui évalue les centres de formation sur des critères précis, comme les infrastructures, le taux de passage à l'échelon professionnel ou la qualité de l'enseignement et des éducateurs. Mais grâce au travail de Morling et au soutien de Bloom, seules deux années suffisent au club pour rattraper ce retard et grimper au plus haut échelon (catégorie 1), grâce à un investissement important en termes d'équipement et de personnel (passage de 12 à 144 employés). Tony Bloom avait d'ailleurs émit un objectif chiffré peu après son arrivée : 30% de l'équipe première doit provenir de l'académie. Un chiffre ambitieux mais raisonnable, qui a été atteint en 2020/21 suite à l'intégration du gardien Robert Sanchez et du défenseur Ben White aux côtés de Lewis Dunk, Solly March, Steven Alzate et Aaron Connolly. Depuis peu, Brighton arrive à attirer des jeunes talents qui viennent garnir les équipes U18 et U23 après avoir ont refusé des clubs plus prestigieux en faveur des Seagulls. C'est ainsi que cet été, le grand espoir irlandais Evan Ferguson a repoussé des offres du Big 4 anglais pour rejoindre le club de la côte. L'influence de Morling est d'ailleurs prépondérante dans le scouting des meilleurs prospects irlandais, à l'image également d'Aaron Connolly, d'Andrew Moran ou de Jayson Molumby. À Brighton, une attention particulière est portée à chaque jeune joueur du centre, et chacun se voit définir un parcours individualisé pour l'amener à l'équipe première. Certains doivent passer par des prêts à des niveaux successifs, comme Ben White à Newport County, Peterborough puis Leeds, et d'autres arrivent plus rapidement dans l'équipe fanion, comme Taylor Richards ou Aaron Connolly qui n'ont eu besoin que d'un seul prêt; d'autres, comme Jeremy Sarmiento se partage entre les U23 et l'équipe première malgré un statut précoce d'international titulaire avec l'Équateur. En matière de recrutement, Brighton aime aussi chercher des joueurs à post-former, ou en quête d'un premier gros défi. Tariq Lamptey, Jakub Moder, Moises Caicedo ou désormais Kacper Kozlowski ont tout au plus deux saisons professionnelles à des niveaux bien moins élevés que le Premier League dans les jambes lorsqu'ils débarquent dans le sud de l'Angleterre. Selon les besoins du coach et leur niveau estimé pour un championnat aussi compétitif, ils sont soit intégrés progressivement dans l'effectif, soit prêtés pour engranger l'expérience suffisante pour y prétendre. Rares, très rares sont ceux qui végètent dans le flou. C'est notamment pour permettre à ces joueurs un peu trop justes pour la PL de jouer à un niveau plus compétitif que Tony Bloom a acquis l'Union Saint Gilloise en 2018. Club historique du championnat belge, l'Union permet depuis Bruxelles d'avoir un club satellite où faire progresser certains prospects du club anglais. Le championnat belge est par ailleurs un environnement suffisamment compétitif pour des joueurs arrivés de championnats moins relevés de s'adapter à l'Europe tout en pouvant se développer, comme en témoignent les prêts du Japonais Kaoru Mitoma (USG) et de Moises Caicedo (Beerschot). Si le procédé devient de plus en plus courant chez les clubs anglais, le modus operandi de Bloom ne diffère pas entre le Sussex et Bruxelles. On construit patiemment et intelligemment, en misant sur les un scouting efficace et sur la formation. Ce n'est donc pas un hasard si seulement deux saisons après son arrivée, l'USG remporte le titre en Pro League 1B (seconde division) et trône en tête de la Jupiler Pro League à la mi-saison suivante. L'USG fait pleinement partie des plans de Bloom pour l'avenir, et cela se voit. GRAHAM POTTER, LE PRINCE DE SANG-MÊLÉ Un organigramme clair, un fonctionnement efficace, une stratégie à moyen et long terme et un maintien assuré pour le court terme : tout est en place pour atteindre l'étape suivante : le top 10. Tout ou presque, car le football proposé par Chris Hughton ne permettra pas, d'après Bloom, d'atteindre cet objectif, même si ce dernier a fait exactement ce que l'on attendait de lui, à savoir ramener le club en PL, et l'y maintenir. Néanmoins, le board accorde une place centrale au style de jeu : c'est autour d'une identité tactique, ou à minima de principes de jeu que la philosophie du club toute entière doit se construire. Ashworth a pour cela identifié un homme capable selon lui d'imprimer un style offensif et attractif, tout en garantissant aux jeunes de pouvoir continuer à monter au niveau professionnel. Il a vu à Swansea mais surtout en Suède à Östersunds un jeune entraîneur anglais au parcours atypique qui pourrait changer la culture du club tout en respectant ses principes fondateurs. Graham Potter a alors montré suffisamment de qualités de tacticien, de formateur et de meneur d'hommes pour qu'Ashworth lui confie cette tâche à l'été 2019. Après une carrière relativement moyenne au poste de latéral gauche, qui l'a vu bourlinguer à travers le Royaume durant treize saisons, Potter sait qu'il va rester dans le monde du football, mais sent qu'il doit acquérir des compétences bien plus élargies que celles ayant trait au seul football. Comme cela se fait alors peu en Angleterre, il retourne sur les bancs de l'université du côté de Hull pour obtenir un diplôme en sciences sociales. Il y entraîne d'ailleurs l'équipe féminine, avant de partir pour Leeds, où il passe une maîtrise en leadership et en intelligence émotionnelle. Recommandé au président Daniel Kindberg par son prédécesseur et ami Graeme Jones, Potter débarque sur le banc d'un pensionnaire de 4ème division en Suède. Une première expérience presque idéale pour un jeune entraîneur, sans réelle pression, dans un cadre de travail serein. Il y réalise des miracles grâce à une approche tactique offensive et attrayante, qui l'emmènera, après plusieurs promotions, jusqu'en Europa League. Proche de ses joueurs, il explique toujours ses choix, et adopte un comportement et un discours propres à chacune de ses ouailles. Il apprend le suédois, et tente de fédérer toute la ville autour du club. Fort de cette aventure sportive et humaine qui l'a façonné, et après une saison convaincante sur le plan du jeu au Pays de Galles, Potter rejoint un Brighton ambitieux, mais prêt à prendre le risque du résultat par le jeu. Dans son approche humaine, il cadre parfaitement avec le caractère familial et humble qui règne au club. La psychologie et l'attention portée au bien-être des joueurs n'est d'ailleurs pas qu'un voeu pieu chez les Seagulls. C'est le premier club de haut niveau en Angleterre à avoir créé un département "Psychologie de la Performance et du Bien-Être" en 2020. Cara Lee Moseley, une ancienne joueuse de netball (dérivé du basket-ball) devenue psychologue crée cette unité et occupe un poste de Manager du Bien-Être Mental, et se voit rapidement rejointe James Bell et Sarah Murray. À l'heure où les cas de dépressions sont enfin révélés par de nombreux athlètes à travers le monde, l'initiative prend tout son sens, et participe grandement à l'épanouissement parfaitement palpable des joueurs de chaque catégorie du club. Sur le terrain, ces mêmes joueurs épanouis prennent du plaisir dans le jeu en mouvement voulu par Potter. Ambition, confiance, force collective, prise de risques assumée, l'impact du technicien britannique se voit immédiatement. Dans sa 3ème saison actuellement, il attire le regard de nombreuses écuries plus fortunées en quête d'un technicien local capable de proposer du beau jeu. Mais Potter est un marginal. Quand vous lui parlez mercato, il parle de continuité et de mission à terminer. Il ne restera pas éternellement à Brighton, mais la relation qu'il entretient dans un club taillé pour lui, il ne la retrouvera pas si facilement et il le sait. Son entente avec le propriétaire et la direction est excellente, il a le respect de tous les membres du clubs, et aucun de ses joueurs ne s'en est jamais plaint. Si la vie est faite de défis, l'herbe a dans ce cas bien moins de chances d'être plus verte ailleurs... MA DÉCLARATION Brighton, c'est finalement un peu cette personne du fond de la classe, qui semble à tous bizarre, lunatique, pas très équilibrée, et à qui une lente maturation finit par faire éclore tout ce que l'on espère de l'être aimé sans que l'on s'y attende : une beauté de coeur et de corps parfaitement identique, des valeurs peut-être banales mais fondamentales et rarement démontrées par d'autres, et la promesse d'un quotidien qui ne deviendra jamais routine. Dans ma vie d'adolescent, l'émotion primait, le football se bornait au rectangle vert et à mes héros qui s'y affrontaient. En grandissant, la quête de sens nous prend tous, et m'a personnellement progressivement éloigné d'un club que j'avais pourtant chéri durant bien longtemps. Après dix ans d'extase suivis de dix ans d'une passion douce-amère, il me fallait me retrouver un club qui faisait pleinement sens, et pouvait me nourrir intellectuellement et émotionnellement en-dehors des 90 minutes hebdomadaires standard. C'est au détour d'une partie de Football Manager en 2019 que je suis tombé sur ce club, qui m'a d'abord fasciné par son effectif hétéroclite. Et puis je découvre la ville, les personnes qui font le club, et je comprends rapidement que je viens d'avoir le coup de foudre que je n'attendais plus. Je me remets à allumer la télé juste pour elle, à vibrer juste pour elle, à refuser d'autres sollicitations juste pour elle, elle, cette équipe que certains ne voient pas pour ce qu'elle est, et qui pour moi n'a plus aucune rivale. J'ai créé Clean Sheet pour raconter des idées originales et des projets ambitieux, et d'histoires, je n'en vois pas de plus belles. En y réfléchissant bien, ce doit sûrement être ça, l'amour. |
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