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8/25/2021 Commentaires

FK PARTIZAN, FORMER POUR VIVRE... OU MOURIR ?

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Dans les faits, la Serbie est un tout jeune pays. Devenue pleinement indépendante en 2006, suite dans un premier temps à sa séparation de la Yougoslavie en 2003, puis trois ans plus tard du Monténégro pour former deux états distincts, ce pays de 7 millions d'habitants autrefois grand pourvoyeur de talents de la grande Yougoslavie unifiée sert à présent ses propres intérêts. Dans un climat économique difficile, le football fait plus que jamais figure de bouffée d'oxygène pour un peuple longtemps en proie à des guerres nationalistes et religieuses.

La capitale, Belgrade, autrefois lieu de rassemblement du soulèvement du peuple serbe contre son dictateur Slobodan Milosevic, conserve aujourd'hui les stigmates d'un passé douloureux, déchiré, et en quête d'unité. Mais la Serbie n'a pas connu que la souffrance, elle a aussi été à travers son histoire aussi un haut-lieu lieu artistique, scientifique et sportif : le cinéaste Emir Kusturica, l'inventeur Nikola Tesla ou encore le tennisman Novak Djokovic ont porté fièrement la créativité serbe aux yeux du monde. Cette créativité, c'est celle qui nourrit encore aujourd'hui le football serbe et sa plus grosse usine de talent, le FK Partizan Belgrade.


PARTIZAN DU BEAU JEU

Le club est fondé au sortir de la Seconde Guerre Mondiale par quelques Partisans yougoslaves, des membres d'une faction résistante teintée de communisme qui a fait barrage à l'Allemagne nazie et à l'Italie fasciste quelques années plus tôt. La faction en question, l'Armée populaire, est menée par le maréchal Tito, et s'est révélée d'une aide précieuse aux Alliés dans la victoire finale.

Alors, quand le conflit cesse en 1945, quelques hauts officiers jettent les bases d'un club de football dont les racines antiracistes se heurtent aux quelques débordements nauséabonds observés ces dernières années au coeur du Partizan Stadium. À sa fondation, il est clairement établi que le but premier du club n'est pas tant de gagner des trophées que de pratiquer un jeu spectaculaire et divertissant, plaçant ainsi la recherche de l'esthétisme au-dessus de la compétition. Alors que le club est dès sa création installé en première division yougoslave, il s'agit d'une profession de foi plutôt rare dans le sport à ce niveau. À défaut, d'aucuns encourageraient la victoire par le beau jeu, mais pas le Partizan.

Pourtant, il semblerait que ce soit cet attachement à une culture plus artistique que compétitrice qui ait nourri l'identité d'un club victorieux. Si le rival absolu de l'Étoile Rouge remporte plus de titres de champions de Yougoslavie (19 titres contre 11), c'est bien le Partizan qui règne en maître sur ses terres, qu'elles soient serbo-monténégrines (8 titres contre 7), ou définitivement serbes (8 titres contre 5). L'Étoile Rouge peut néanmoins s'enorgueillir d'être le seul club du pays à avoir remporté la Coupe des clubs européens champions, l'ancêtre de la Ligue des Champions, compétition dans laquelle le Partizan n'a pu faire mieux qu'une finale perdue en 1966. Mais en Europe, ce sont les Crno-Beli (Noirs et Blancs, couleurs du club) qui marquent l'histoire les premiers, en jouant le match inaugural de la compétition en septembre 1955 contre le Sporting de Lisbonne. 

À la fin des années 1950, le club entame un virage qui va influencer le cours de son histoire. En 1958, après s'être fait remarqué de toute l'Europe pour ses prestations enthousiasmantes, le club décide de baser la réussite sportive du club sur la formation. Avec le génie tactique hongrois Illés Spitz à sa tête, le Partizan scrute tout le pays en quête de jeunes joueurs prometteurs, et y parvient. Une génération dorée berce le début des années 1960, et marque l'histoire avec trois titres de champion consécutifs entre 1961 et 1963, obtenant ainsi le surnom de Parni valjak, le rouleau compresseur. Ces Partizanove bebe, littéralement les bébés du Partizan, portent le club jusqu'en finale de coupe d'Europe, face à un Real Madrid qui l'emporte 2-1 au stade du Heysel.


UNE IDENTITÉ TROUBLE

Les années 1970 marquent le départ de la génération dorée de la décennie précédente. Grisée par ses prouesses européennes, la direction des Crno-Beli se retrouve sans solution suite au départ de joueurs cadres. Alors, lorsque les pépites Momčilo Vukotic et Nenad Stojkovic pointent le bout de leur nez à l'orée des années 1980, le Partizan voit son rêve européen reprendre forme. Un rêve européen plus raisonnable, assouvi avec la victoire de la défunte Coupe Mitropa, réservée aux clubs d'Europe centrale, soulevée en 1978.

La décennie suivante est plus contrastée. Malgré trois titres de champion nationaux, et la révélation de talents comme le défenseur Ljubomir Radanovic, le Partizan laisse peu à peu les premiers rôles à des joueurs ayant effectué leurs classes ailleurs. De la génération ultra talentueuse des Predrag Mijatovic, Slavisa Jokanovic, Budimir Vujačic et autres Predrag Spacic, aucun n'est formé au club. Pis, le Partizan recrute même en 1987 les deux premiers joueurs chinois à débarquer en Europe, Xie Yuxin et Gu Guangming.

Les vingt années qui suivent sont fortement marquées par les événements géopolitiques qui secouent la région. Si le club poursuit sa moisson de titres nationaux, ce sont toujours des effectifs de sangs-mêlés qui défendent les couleurs du club. Et cette quête effrénée de victoire européenne tend peu à peu à dissoudre l'identité du club, du moins à la mettre au second plan. De plus en plus de joueurs étrangers sont recrutés, à l'instar de Taribo West ou de Lamine Diarra. Des entraîneurs allemands occupent même le banc du Partizan Stadium, Lothar Matthäus d'abord, puis Jürgen Röber.  

Le Partizan jalouse secrètement le succès de l'Étoile Rouge dans la plus belle des compétitions, mais constate qu'avec l'entrée en vigueur de l'arrêt Bosman en 1995, cela lui devient encore plus inaccessible. La dislocation de la Yougoslavie entraîne elle la disparition d'un championnat fort, pourvu d'excellents joueurs et de moyens importants. La Serbie se retrouve avec son propre championnat et peu de moyens, et le Partizan n'a d'autres choix que de revenir à son ADN : former ses propres artistes.

Alors, au début des années 2000, la formation redevient une vraie priorité, si bien que l'UEFA décerne au club le titre de "Best European Youth Work" en 2006. À cette époque, si le Partizan ne détecte pas Mateja Kezman, pourtant né à Belgrade et formé chez les voisins du FK Zemun, mais lance des joueurs comme Andrija Delibasic, Danko Lazovic, Simon Vukcevic ou Miralem Sulejmani. 


Et c'est le retour au club en 2012 de Momčilo Vukotic, cette fois au poste de directeur de la formation, qui permet au Partizan d'arriver progressivement à un modèle respectant ses traditions, tout en essayant de redresser la santé économique fragile du club. L'ancien joueur, qui n'a quitté son club de coeur que pour un passage d'une saison à Bordeaux en 1978/79, asseoit définitivement la formation au coeur du projet sportif du club. Vukotic ne prétend pas avoir de recette secrète, mais compte sur le poids de la tradition du beau jeu, la détection précoce des meilleurs talents et une formation dispensée par des éducateurs de la plus haute qualité. Les jeunes deviennent alors la clé du salut sportif de l'équipe, et des assets économiques vendus dans toute l'Europe pour permettre au Partizan de perdurer.
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Momčilo Vukotic, figure majeure du Partizan (Crédits : ecfc.rs)


UN FOOTBALL LIBRE

L'académie a été lancée en 1950, cinq ans à peine après la création du club. Elle est fondée par trois anciens joueurs, Bruno Belin, Čedomir Lazarevic et Branko Nadovesa, qui donnent leurs noms à ce projet. L'académie est intégrée au centre sportif du club, qui est situé sur le territoire de Belgrade, du côté de Zemun, ce qui lui vaut le surnom de Zemunelo, en référence à Milanello, le centre du Milan AC. De son vrai nom le SC Teleoptik, le centre sportif du Partizan s'étend sur plus de 10 hectares, et le complexe sportif accueille l'académie, l'équipe première et l'équipe B, comptant en tout neuf terrains, un bâtiment central de 4000 m2 accueillant les bureaux du club, un centre médical et toutes les installations que l'on peut retrouver dans un club moderne de standing.

​Mélanger au sein d'un même espace les jeunes du centre avec les professionnels n'est ni dû à un soucis de place, ni à un manque d'argent. Cette décision résulte de la volonté du club de ne pas seulement former des joueurs de football, mais surtout de développer leur personnalité propre, le respect du sport et la loyauté envers leur club. Le club prend très au sérieux la pédagogie et le développement émotionnel de ses jeunes, et les encourage à être eux-mêmes plutôt qu'un portrait-robot standardisé. Le volcanique Aleksandar Mitrovic est, par exemple, une belle incarnation de ce "laisser-être". Même s'il a pu facilement se laisser déborder par ses émotions en début de carrière, c'est cette sensibilité qui lui a donné la hargne et le caractère combatif qui en ont fait un joueur de niveau international.

Le Partizan accueille ses jeunes recrues en son sein dès l'âge de 8 ans. À ce stade, Vukotic ne cherche à voir qu'une seule chose : le sens du jeu. Il n'est à aucun moment question de tactique, d'aptitudes physiques ou mentales supposées. Tout ce qui compte, c'est la façon dont un gamin trouve des solutions sur un terrain, car le reste viendra plus tard. Le maître-mot à ce stade du développement est la liberté. La liberté de penser et de créer le football comme bon leur semble, sans pression aucune. Vukotic aime le football de rue, instinctif, créatif et original. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le Partizan forme en majorité des talents offensifs, sinon des joueurs doués balle au pied pour ceux en charge de missions plus défensives.

Avant 12 ans, les jeunes sont pensionnaires du club, qui les nourrit et les loge. Ils ne jouent aucune compétition nationale ou régionale, simplement des matchs amicaux et des tournois. En tout, ce sont entre 300 à 400 jeunes qui se répartissent sur dix groupes d'âge, jusqu'aux U19. Les U13 et U14 évoluent au niveau local (Belgrade), et toutes les catégories supérieures sont présentes à l'échelon national. À ce jour, c'est le Partizan qui détient le record de titres et de coupes en compétitions de jeunes en Serbie. Plus que jamais, le Partizan investit sur le futur en préparant du mieux possible ses équipes de jeunes, et en trouvant de nouvelles solutions pour les renforcer.


PARTIZAN 2.0

C'est ainsi qu'a été mis en place le projet "Partizan School of Football", qui permet via des camps de football d'été ou d'hiver d'aller dénicher de nouveaux talents au Monténégro, à Zlatibor dans la Serbie montagneuse éloignée de Belgrade, à Jahorina en Bosnie-Herzégovine, ou encore à Maribor en Slovénie. Le Partizan jouit d'une énorme cote de popularité dans l'ancienne Yougoslavie, et en profite pour en faire le tour.

En juin 2021, le club a annoncé par ailleurs être en discussions avancées avec le Cape Town City FC pour un partenariat qui verrait des formateurs serbes aller dispenser quelques conseils au club sud-africain, tandis que les futures jeunes pousses des Bafana-Bafana feraient des essais à Belgrade. L'histoire de cette association potentielle est pour le moins insolite, et mérite d'être expliquée.

C'est lors du transfert du milieu guinéen Seydoumba Soumah du Slovan Bratislava au Partizan en 2017 que tout se joue. Soumah a quitté sa Guinée natale à 16 ans pour l'académie de l'Ajax Cape Town, la succursale africaine du club néerlandais. Le club est à l'époque présidé par John Comitis, qui se prend d'une affection particulière pour le jeune Soumah, qu'il considère comme son fils. Il devient alors son mentor et l'aide dans la suite de sa carrière. Il l'accompagne au moment des négociations avec le Partizan, et le courant passe bien. Ayant quitté les Ajacides pour reprendre le Cape Town City FC, où le travail de formation est également une priorité, l'intérêt commun entre Comidis et le Partizan émerge et les contacts avancent. Les Serbes visitent les installations du club et sont impressionnés par les moyens mis à disposition des jeunes. La perspective de dénicher un futur talent dans un pays comptant 58 millions d'habitants attire le Partizan, qui pourtant fait des miracles dans un pays en comptant huit fois moins. Le partenariat est en bonne voie et devrait être officialisé dans les mois à venir.


FABRICATION MAISON D'UN SUCCÈS MONDIAL

Plus traditionnellement, le Partizan compte aussi énormément sur son équipe B, le FK Teleoptik. Intégré au coeur du centre sportif, ce club passerelle entre les équipes de jeunes et l'équipe première du Partizan fait partie de la famille. De nombreux joueurs y sont prêtés chaque année, et évoluent en 3ème division serbe, la Serbian League Belgrade. Il s'agit d'un partenariat que l'on pourrait comparer à celui de Liefering et du RB Salzburg, à la différence que le Teleoptik et le Partizan partagent les mêmes installations, ce qui permet un suivi encore plus poussé des formateurs dans le développement des adolescents.

Dans le respect des traditions également, tous les membres du staff de l'académie ont en commun d'avoir été des joueurs professionnels, et d'avoir été formés et/ou d'avoir joué pour le club. Vukotic, qui est passé de la direction de l'académie à la présidence du club entre 2015 et 2017, y tient particulièrement. Cela vaut pour le coordinateur sportif Ivica Kralj, ancien gardien international, comme pour le responsable de la formation Vanja Radinovic, qui a gravit les échelons depuis les U14, U16 et U19. Les deux ont été formés au Partizan, tout comme le coach de l'équipe première, la légende Savo Milosevic, et les éducateurs des équipes de jeunes, comme Sladan Scepovic, le jeune retraité Miroslav Vulicevic ou Djordje Pantic.

Auparavant, un coach emmenait une génération à travers les catégories d'âge, mais cela a changé. En s'appuyant sur l'expérience, la recherche et en benchmarkant les bonnes pratiques au sein des meilleurs académies, les formateurs du Partizan se sont accordés pour faire en sorte que chaque génération connaisse plusieurs encadrants, car les attentes évoluent au fil du temps. Si seule la technique compte au départ, vient ensuite le besoin de développer le joueur physiquement, mentalement et tactiquement. Tout ce travail de spécialité ne peut être fait de façon efficiente par une une seule personne par classe d'âge.

Ce sont ces ajustements apportés par Vukotic et repris par ses successeurs qui ont permis au Partizan de dépasser enfin l'Ajax Amsterdam en nombre de joueurs formés devenus professionnels. Si l'on entend perpétuellement parler de De Toekomst, de la Masia ou encore de l'académie de l'OL, c'est bien au premier rang que le CIES, l'Observatoire du football, classe désormais le FK Partizan.
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Après avoir talonné le club amstellodamois pendant de nombreuses années, dans l'anonymat du grand public mais pas du milieu, c'est désormais assez largement que l'académie serbe trône en tête. Pour rentrer un peu plus dans le détail des chiffres, l'UEFA précise qu'est considéré comme formé un joueur ayant joué au moins trois saisons au club entre 15 et 21 ans.

Mais ce classement ne signifie pas pour autant que le Partizan est le meilleur club formateur au monde, mais bien le plus productif en nombre de joueurs de haut niveau évoluant dans les 31 meilleures divisions. Il est d'ailleurs intéressant de noter la présence de quatre clubs serbes dans le top 20, révélant une spécialité devenue même nationale.

Et c'est cet effort commun qui a été récompensé en 2015, lorsque la Serbie a été sacrée championne du monde U20 en Nouvelle-Zélande. Apparue pour la première fois dans cette compétition dans sa forme politique actuelle, la Serbie a défait le Brésil en finale 2-1 en comptant dans ses rangs cinq joueurs du Partizan. Un exploit retentissant pour ce petit pays par la taille, mais si productif dans la formation de talents que toute l'Europe s'arrache. C'est également au cours de ce tournoi qu'émerge le prodige Noir & Blanc Andrija Zivkovic sur la scène mondiale. Surnommé le "Messi serbe", Zivkovic représente tout à la fois ce que le Partizan fait de mieux et de pire dans la gestion actuelle des jeunes.


L'ÉLITE À PRIX CASSÉS

Car le CIES a également publié d'autres données expliquant un versant totalement différent de l'histoire : le Partizan et l'Étoile Rouge sont les clubs qui forment le plus de joueurs mais avec le plus petit nombre d'entre eux encore présents au sein de l'effectif. En d'autres termes, les clubs de la capitale serbe forment des joueurs pour les vendre.

Certes, actuellement le Partizan compte huit joueurs formés au club, mais ce ne sont pas les meilleurs. Sur les dernières années, plusieurs joueurs formés chez les 
Crno-Beli ont très rapidement quitté le club et sont devenus des membres importants de la sélection nationale : Predrag Rajkovic (Reims), Strahinja Pavlovic (Monaco), Dusan Vlahovic (Fiorentina), Nikola Milenkovic (Fiorentina) ou encore Andrija Zivkovic (PAOK). Sans compter le départ l'an dernier de la pépite Filip Stevanovic pour Manchester City, et qui arrivera rapidement lui aussi en sélection.

La situation économique du pays de même que celle du championnat permettent de relativiser et de comprendre que le Partizan ne peut retenir ses meilleurs éléments, et qu'il n'a ainsi d'autres choix que de vendre pour survivre. Il est toutefois étonnant de constater que les montants récupérés par les Serbes sont étonnamment bas dans un marché pourtant largement inflationniste, surtout sur le secteur de niche des très jeunes talents. Au Partizan, les records de vente sont encore détenus par Mateja Kezman, transféré pour 14M€ au PSV en 2000, et par Stefan Savic, parti pour 12M€ à Manchester City en 2011. D'après le site Transfermarkt, même le transfert de Predrag Mijatovic pour 10M€ à Valence en 1993 est encore dans le top 5 des ventes du club, tandis que Milenkovic est parti pour 5M€, Pavlovic pour 10M€ et Stevanovic pour 8,5M€. À titre de comparaison, City a acheté le le Brésilien Diego Rosa 6M€ au Grêmio alors qu'il n'avait pas joué un seul match en professionnel, tandis que Stevanovic avait déjà une saison et demi avec l'équipe première dans les jambes au moment de rejoindre les Skyblues.

Le cas le plus alertant étant pourtant, et de loin, celui mentionné plus haut d'Andrija Zivkovic. En 2016, après sa Coupe du Monde U20 aboutie et des débuts fracassants en championnat, le meilleur joueur du club alors à peine âgé de 20 ans représente un actif en or pour le Partizan. Pourtant, le 5 juillet de cette même année 2016, il rejoint le Benfica librement suite à la fin de son contrat, qu'il a refusé de prolonger. Modelé dans un système qui instaure pourtant la loyauté envers son club, le comportement de Zivkovic est alors plus que suspect et totalement incompris de tous.


​TOUT ÇA POUR ÇA...

Il faudra attendre les Football Leaks pour comprendre le fin mot de l'histoire. Le site The Black Sea y a consacré plusieurs articles très détaillés (voir liens en bas de page), qui permettent de comprendre plusieurs choses, que nous résumons ici plus brièvement. La première chose, c'est que le Partizan a négocié un accord secret avec le club de l'Apollon Limassol en juillet 2014, dans lequel le club serbe a cédé 50% des droits économiques de Zivkovic au club chypriote, en échange d'une somme de 1,2M€ et d'une clause, reconnue plus tard comme parfaitement abusive. Évidemment, le principal intéressé n'est pas mis au courant.

Cette clause stipule que le Partizan doit accepter de vendre Zivkovic à un club tiers si celui-ci lui verse un salaire minimum de 400 000€/an. Si Zivkovic venait à refuser ce transfert, le Partizan devrait alors verser à l'Apollon la moitié du coût du transfert qui aurait donc capoter : en d'autres termes, le Partizan devrait payer pour que son joueur reste son joueur ! Suite à un changement de présidence au sein du club serbe, les détails de l'accord sont révélés à la presse, mais il est trop tard. Zivkovic l'apprend, devient furieux et refuse logiquement d'être transféré. Il attend la fin de son contrat et part ainsi libre comme l'air au Portugal.

Ce que l'on apprend également grâce aux Football Leaks, c'est que ces pratiques sont monnaie courante en Serbie et en Roumanie, et qu'elles sont pilotées par les agents Pini Zahavi et Fali Ramadani. Pour en savoir davantage sur ces personnages hauts en couleur et clairement borderline, il n'y a pas de meilleure chose à faire que de lire l'excellent "Mano Negra" de Romain Molina, qui dresse le portrait, entre autres, de ces deux super-agents spécialistes des micmacs.
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Andrija Zivkovic, emblème malgré lui d'un modèle bancal (Crédits : mondofutbol.com)


Pour l'anecdote, c'est le Red Star qui a le plus recours à cet type de pratiques avec l'Apollon. Et essentiellement lors de la présidence de Zvezdan Terzic, dont la soeur Sanja est l'épouse de l'agent Nikola Damjanac, qui n'est autre que le dirigeant associé de Lien Sports, une agence de joueurs dont il partage la direction avec Marc Rautenberg et... Fali Ramadani.
Plusieurs joueurs transitent donc ainsi administrativement via l'Apollon Limassol, sans y mettre un pied, avant de rejoindre leur "vraie" destination, comme Luka Jovic, Mijat Gacinovic, Nikola Maksimovic ou encore Cristian Manea.

Quoiqu'il en soit, la domination nationale du Partizan et l'abondance de jeunes prodiges produits par son académie sont, semble-t-il, de potentiels trompe-l'oeil pour un club qui ne parvient pas à faire ce qu'il fait de mieux jusqu'au bout. Tant de talents si peu utilisés en équipe première, si vite et objectivement plutôt mal vendus, le revers de la médaille du plus gros fournisseur du football mondial est assommant. Comme si la culture et la traditions du club disparaissaient au premier million offert.

Dans le football d'aujourd'hui, le rêve d'Europe du Partizan n'est plus un rêve mais une chimère. Boxer plus haut que sa catégorie est déjà si difficile, mais lorsque l'on se met soi-même des coups dans les parties vitales, cela devient impossible. Loin des regards, la Serbie s'enfonce un peu plus, croyant profiter d'un milieu qui la dévore en réalité d'un seul coup de mâchoire. Difficile alors de savoir si l'on doit se réjouir ou plaindre les futurs protégés d'un club Partizan du moindre effort lorsqu'il s'agit de voir plus loin que le prochain mercato.
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Liens des articles de The Black Sea :
https://theblacksea.eu/blogs/benficas-andrija-zivkovic-fate-serbian-messi/
https://theblacksea.eu/stories/football-leaks/football-leaks-the-paper-players-of-cyprus/
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