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8/17/2021 Commentaires

VENEZIA FC, UN MONUMENT ENFIN RESTAURÉ ?

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Bâtie au début du 6ème siècle sur une lagune formée par l'estuaire du Pô donnant sur la mer Adriatique au nord-ouest de l'Italie, Venise permit aux peuples du nord de l'actuelle Italie de fuir l'invasion terrible des Lombards. Refuge de la civilisation romano-byzantine, elle devint une république indépendante pendant 11 longs siècles, qui la virent prospérer dans son rôle de place commerciale vitale dans la route de la soie, des épices, du sel ou encore des céréales. Centre culturel au rayonnement mondial, elle est le berceau de l'École Vénitienne du Tintoret, de Véronèse et de Titien, ou encore du violoniste et compositeur Antonio Vivaldi.  Devenue attraction touristique mondiale, fascinante par son patrimoine historique, culturel et architectural, reconnaissable entre toutes grâce à ses canaux parcourus par les traditionnelles gondoles, la ville sur pilotis est depuis septembre 2015 passée sous pavillon américain. Du moins, son club de football.

Le Venezia FC est un club historique du football italien. Fondé en 1909, il s'est doté de son stade Pier-Luigi-Penzo en 1913, deuxième enceinte la plus ancienne du pays après le Stadio Luigi Ferraris de Gênes. Construit à l'origine en bois, mais fort heureusement réaménagé en dur par la suite, son charme désuet lui confère une aura sans égale, en faisant un monument de plus à mettre au patrimoine sans fin de la Cité des Doges. Mais cela ne devrait plus durer très longtemps, pas plus que l'infortune de son club hôte. Le Venezia FC, qui a connu trois faillites en dix ans, a été repris par un groupe américain en 2015, lui permettant de passer de la Serie D à la Serie A en cinq ans à peine, avec un projet mêlant jeunesse, culture et ambition.


CANAL HISTORIQUE

C'est peu dire en réalité que Venise dispose d'un club important dans l'histoire du football transalpin. Il fait partie des rares clubs à avoir remporté la Serie B, C/C1, C2 et D. Vainqueur également d'une coupe d'Italie en 1940/41, le club passera pourtant la majorité de son histoire à osciller entre toutes ces divisions, au gré des départs de ses joueurs majeurs et de ses déboires en coulisses. Entre 1968 et 1991, il ne reverra même plus une seule fois la Serie A.

Profitant de la belle affaire que représente un club comme Venise, l'homme d'affaires Maurizio Zamparini acquiert le club en 1986. Ayant notamment fait fortune avec les grands magasins Emmezeta, le sulfureux Frioulan en profite dès la saison suivante pour fusionner avec le club voisin et lui aussi pensionnaire de Serie C2, l'AC Mestre. C'est ainsi qu'aux traditionnelles couleurs noires et vertes s'ajoute désormais l'orange, et que le club ira surtout profiter d'un stade un peu plus spacieux durant trois saisons.

Au cours de la présidence Zamparini, quelques futurs grands noms du Calcio rejoignent la Cité des Eaux. Des entraîneurs comme Luciano Spalletti, Alberto Zaccheroni ou Cesare Prandelli viendront se faire les dents en début de carrière chez les Arancioneroverdi, mais jamais plus de trois saisons. Après une montée en Serie C1 en 1988, puis en Serie B en 1991, le club arrive finalement enfin à rejoindre la Serie A à nouveau en 1998. Avec le renfort du directeur sportif Beppe Marotta entre 1995 et 2000, le club ne descendra pas plus bas que la Serie B.

En juillet 2002, Zamparini a l'occasion de migrer vers le sud et rachète le club sicilien de Palerme, où il écrira son ubuesque légende. Une légende qui démarre dès le lendemain de son départ de Venise, le 21 juillet 2002 précisément. Dans un épisode que les Italiens nommeront "il furto di Pergine", le "vol de Pergine" dans le texte, Zamparini affrète un bus en partance de Pergine Valsugana, petite ville du Südtirol où les vénitiens ont élu domicile pour leur pré-saison. Il embarque sans prévenir 12 joueurs ainsi que l'entraîneur Ezio Glerean, direction Longarone à 125km de là, où se trouve le campement de pré-saison... de Palerme. Zamparini s'en va et prend avec lui tout ce qu'il peut, laissant le Venezia FC totalement hagard. 

Au cours des 13 années suivantes, le club changera plusieurs fois de mains, refondé sous d'autres noms au gré de trois faillites (Società Sportiva Calcio Venezia entre 2005 et 2009, Foot Ball Club Unione Venezia entre 2009 et 2015). In fine, c'est à un retour en Serie D que mènent toutes ces mésaventures, et à un moral en berne pour les supporters après trop d'espoirs déchus. Même le maire Massimo Cacciari s'en est mêlé en 2009, sans succès.
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Joe Tacopina en visite au Pier-Luigi-Penzo (Crédits : page Twitter du club)


​GOING BACK TO MY ROOTS

En octobre 2015, un consortium mené par l'avocat américain d'origine italienne Joe Tacopina reprend les Laguni, alors au fond du gouffre. Une chance pour le New-Yorkais de renouer une nouvelle fois avec ses racines, lui qui n'en est pas à son coup d'essai.

En effet, Tacopina avait déjà participé au rachat de l'AS Roma aux côtés de Thomas DiBenedetto quatre ans plus tôt. Devenu vice-président du board puis membre du comité de contrôle interne, il a présenté sa démission en septembre 2014 pour prendre la présidence du Bologna FC aux côtés du propriétaire Joey Saputo. Sauf que l'aventure tourne court, car les deux hommes ne parviennent pas à travailler ensemble. Tacopina reproche à Saputo de marcher sur ses plates bandes, et l'homme d'affaires canadien se sépare de Tacopina un an plus tard suite à la procédure judiciaire que lui a intenté ce dernier.

C'est alors le moment pour le magistrat new-yorkais d'opérer en solo. Pour 6M€, il récupère un club dont il promet qu'il sera son étape finale en Italie, après ses deux premiers projets au bilan plus que mitigé. Accompagné par l'avocat spécialisé du sport John Goldman, le financier John Tapinis et le PDG de High Ridge Brands (multinationale américaine) et quelques investisseurs silencieux, il s'offre enfin son rêve d'émigré revenu en fils prodigue sur ses terres. Avec la Serie A et la modernisation des installations du club en ligne de mire, Tacopina promet aux tifosi le retour du club au sommet.

Sous sa nouvelle présidence, le club retrouve directement la Serie C. Pour ne pas en rester là et viser le l'élite le plus rapidement possible, il fait appel à l'ancienne gloire Filippo Inzaghi pour présider aux destinées de l'équipe à l'orée de la saison 2016/17. Celui dont on dit souvent qu'il est né hors-jeu n'a alors pas une aussi grande expériences sur le bord du terrain que dans la surface de réparation. Passé à la hâte des U19 du Milan AC à l'équipe première après une énième crise chez les Rossoneri, il fait le choix de Venise pour repartir de plus bas et apprendre. Promu à l'étage supérieur dès sa première saison, les espoirs semblent désormais à nouveau permis pour les Leoni. 


Pourtant, à l'image des prisonniers jetant un dernier regard sur la ville avant d'être jugés en traversant le pont qui a fait la renommée de leur ville, les tifosi qui vont à nouveau soupirer les deux saisons suivantes. Après une promotion en Serie A ratée de justesse lors des play-offs de barrage de la saison 2017/18, la saison 2018/19 verra les Arancioneroverdi être rétrogradés à nouveau en Serie C. Un échec cuisant pour Tacopina, qui perd alors son souffle et ses soutiens financiers, et cherche un repreneur.
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Duncan L. Niederauer semble plus heureux à Venise qu'à Wall Street (Crédits : italy24news.com)


VENEZIA WAY OF LIFE

En février 2020, Tacopina vend toutes ses parts à VCF Newco 2020 LLC, présidé par l'homme d'affaires américain Duncan L. Niederauer. Âgé de 61 ans, il est l'ancien big boss du NY Stock Exchange, la bourse de Wall Street. Passé par la banque d'affaire Goldman Sachs pendant près de 20 ans, il fait également partie du G100, un groupe privé réunissant les plus puissants chefs d'entreprise au monde. Un poids lourd, donc, pour assouvir ce même rêve de Serie A. Et, lui aussi, parle dès son arrivée de nouveau stade. 

L'arrivée de Niederauer ressemble ainsi à s'y méprendre à celle de Tacopina... à un détail près. Un détail majeur, qui va transformer en un an à peine le Venezia FC en une marque d'une élégance sans égale et au potentiel illimité, faisant d'elle un modèle d'esthétisme sportif. Rares sont les clubs qui exploitent de façon aussi stylistique les dimensions architecturale et culturelle d'une ville à travers le prisme du football. Niederauer possède une licence en arts, et cela lui permet de comprendre mieux que d'autres le potentiel à la fois sportif, économique mais aussi culturel que doit porter le projet du club.

Dès son arrivée, il lance le programme "VFC AiR", un projet créé en interne avec Ted Philipakos pour raconter le lien entre la ville, la culture populaire et la culture football. Philipakos, directeur du club quelques mois seulement au début de la présidence Tacopina, a fondé à son retour à New York une agence marketing spécialisée dans le sport et la culture. Spécialisé dans le domaine du sport grâce à son ancienne activité d'agent de joueurs pendant près de 10 ans ainsi qu'une seconde expérience dans la direction de club à la Reggina en 2017/18, il revient en tant que directeur marketing en août 2020 dans un club qu'il connaît, et qu'il va brillamment transformer.

Pour participer au projet VFC AiR, Philipakos fait notamment appel à l'ancien joueur de MLS Ethan White, devenu photographe lors de sa reconversion d'après-carrière. L'idée est de laisser le football voir une ville inscrite au patrimoine de l'UNESCO sous son oeil à lui, pour rompre avec l'opposition faite entre culture et ballon rond, et tenter de construire les liens capables de réunir des publics jusqu'à alors souvent différents. 
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L'église Sant'Elena et son campanile datant du 12ème siècle veillent sur le stade Pier-Luigi-Penzo (Crédits : norrisethanwhite.com/vfcair)


Comme un symbole fort du nouveau pouvoir marketing du club, et grâce à ses liens aux États-Unis, le Venezia FC a pu approfondir sa relation avec son équipementier Nike comme aucune autre équipe de seconde division avant elle. En effet, bien que pensionnaire de Serie B lors de la saison 2020/21, la marque à la virgule a octroyé au Venezia FC son package premium, en lui confectionnant un maillot unique et non travaillé à partir d'un template. Cerise sur le gâteau, à l'emplacement réservé traditionnellement au sponsor, Nike a placé le nom du club, en faisant de fait une marque à part entière.

Le lancement en grandes pompes du nouveau maillot signé Kappa pour la saison 2020/21 a fini d'asseoir ce rebranding magistralement mené par
Philipakos. Les deux maillots absolument splendides mis en scène dans les lieux les plus pittoresques de la ville ont remporté un large succès, au point que le club soit en rupture de stock au bout de quelques jours.


DES PRODUITS LOCAUX AUX COMMANDES DU SPORTIF


Il ne faudrait pour autant pas perdre de vue que le projet du Venezia FC est aussi et avant tout sportif. D'ailleurs, cela fait une éternité que le club ne s'appuie plus sur des figures locales, des points de repère de la culture vénitienne capables d'en supporter le patrimoine, tout en l'accompagnant vers ses objectifs futurs.

Cela, Niederauer l'a compris aussi, en bon visionnaire et diplomate qu'il est. Il installe ainsi deux anciens joueurs du club, nés à Venise, et attachés aux couleurs oranges, vertes et noires. Paolo Poggi est nommé directeur technique, et Mattia Collauto directeur sportif. Un tandem relativement inexpérimenté, même si les deux ont ouvert une école de football dans la ville voilà quelques années. Ancien buteur maison, Poggi a néanmoins un peu plus de bouteille, puisqu'il a déjà occupé cette fonction du côté de Mantova durant une saison, avant de devenir le responsable de la formation de l'Udinese. De retour dans son club, il a opéré pendant cinq ans en tant que responsable des relations internationales, une préparation de choix pour ses nouvelles attributions, entre sportif, politique et business.

Le duo local est soutenu par un élément lui aussi envoyé par l'Oncle Sam. Alex Menta occupe le poste de directeur de l'analyse de données, un poste qui s'est largement démocratisé dans le football d'aujourd'hui, mais encore quasiment inexistant en Italie. Malgré une appétence pour le scouting et une bonne réussite globale dans le domaine, les clubs transalpins n'ont pas encore franchi le Rubicon de la data et des statistiques avancées, soit par faute de moyens, soit par faute de conviction. Toujours est-il que Menta, 30 ans, est un matheux qui aime les chiffres et ce qu'ils racontent. Vénitien d'origine et hockeyeur de formation, il s'éprend du soccer lors de la Coupe du Monde 2006. Analyste pour l'Union Philadelphia en MLS, il débarque avec l'ambition de "break the trend", "casser les habitudes", en ce qui concerne l'analyse de data.
"Chaque joueur américain possédant la double nationalité italienne sera considéré comme une cible potentielle avec beaucoup d’attention, parce que c'est très clairement le marché sur lequel nous allons nous appuyer." - Alex Menta
Le jeune recruteur est fier de ses origines vénitiennes, et a trouvé à Venise le parfait terrain de chasse pour profiter de méthodes qu'il est quasiment seul à utiliser pour donner au Venezia FC un avantage concurrentiel malgré un budget serré. Car Niederauer ne verse pas dans le gigantisme trop tôt, il souhaite une évolution constante. Pas de budget transfert démesuré, il faut composer avec une situation économique mondiale en récession, et manoeuvrer avec malice.


TOUS LES CHEMINS MÈNENT À VENISE

Alors les têtes pensantes du club ont opté depuis l'été 2020 pour des recrutements très peu onéreux, souvent sous la barre du million d'euros, et dans des marchés encore relativement peu exploités en Italie. C'est ainsi que trois joueurs islandais ont intégré l'équipe, à savoir Óttar Magnús Karlsson, Bjarki Steinn Bjarkason, mais surtout Arnór Sigurdsson, grand espoir du football nordique, prêté cette saison par le CSKA Moscou. Dans un effectif où la part de locaux régresse de plus en plus, c'est une nouvelle tour de Babel version auberge de jeunesse qui s'est formée.

Traditionnellement, les clubs italiens n'hésitent pas à recruter à l'étranger, ce n'est donc pas une tendance nouvelle. Or habituellement ils piochent davantage dans les viviers des pays de l'Est et en Amérique du Sud ; si cette tendance existe encore largement aujourd'hui, il se trouve que ces marchés autrefois presque chasse gardée sont désormais scrutés de tous. Il a donc fallu pour Menta observer ailleurs, dans des contrées où la qualité existe, les bonnes affaires aussi, mais où le pari d'une adaptation au niveau de la Serie A sera aussi plus risqué.

Pourtant, lorsque Dor Peretz signe gratuitement au club au terme de son contrat avec le Maccabi Tel Aviv cet été, le milieu israélien de 26 ans est un joueur accompli dans son pays. International à 20 reprises depuis six ans avec sa sélection, Peretz a déjà joué des matchs d'Europa League et de Champions League, le risque d'échec est ainsi réduit par l'expérience au haut niveau d'un joueur dont on attendra qu'il garantisse la stabilité défensive de l'équipe.

Et, pour atténuer le facteur risque chez les joueurs plus jeunes, Menta semble compter sur la qualité de la formation ou post-formation du joueur pour garantir un apprentissage plus rapide du très haut niveau. Attaché lui aussi à une forme d'esthétisme sportif, Menta a attiré des profils formés pour certains chez les plus grands artistes de la discipline. Le latéral Tyronne Ebuehi a passé une partie de sa formation chez les Young Boys de Berne, et a fait sa post-formation au Benfica, qui l'a prêté pour une saison ;  Karlsson est passé par le centre de formation de l'Ajax ; le Norvégien Dennis Johnsen, arrivé l'an passé, a été formé à Heerenveen et à l'Ajax également.

Mais surtout, Menta entend trouver son bonheur dans son pays d'origine, enfin devenue une vraie terre de football. Après avoir passé de très nombreuses années à trouver la bonne formule, les Américains savent désormais produire des joueurs capables de réussir dans les meilleurs clubs européens, à l'image de Christian Pulisic à Chelsea, Weston McKennie à la Juventus ou Sergiño Dest au FC Barcelone. Et bien que la MLS soit d'un niveau encore perfectible, les meilleurs talents étasuniens ne restent pas vraiment longtemps au pays si leur potentiel est remarqué par le Vieux Continent.

C'est ainsi qu'ont débarqué cet été Gianluca Busio pour 6M€ en provenance du Sporting KC, et Tanner Tessmann, formé à la très bonne académie du FC Dallas, cédé pour 3,6M€. Tous deux récents internationaux avec la USMNT, ils débarquent à 19 ans dans une ville qui sans aucun doute les fait rêver. Ils arrivent en éclaireurs, car l'américanisation du club passera, c'est établi, aussi par le terrain.
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Tanner Tessmann, qui a troqué le Texas pour la Vénétie

Milieux de terrain tous les deux, ils ont quitté leur pays avec une étiquette de joueurs à fort potentiel, obtenus par le Venezia FC pour des montants très raisonnables en comparaison avec ce qui se pratique aujourd'hui.

Busio sort de trois saisons pleines à Kansas City, ponctuées par une victorieuse Gold Cup avec la sélection nationale cet été. Milieu central avec un profil de relayeur, voire de box to box, il peut également dépanner plus haut sur le terrain. Avec 7 buts et 8 passes décisives en 58 matchs de MLS, le joueur qui possède la nationalité italienne par son père originaire de Brescia va trouver en Italie l'opportunité de progresser et d'apprendre tactiquement. Il possède néanmoins déjà une belle vision du jeu et un pied droit très sûr sur coups de pieds arrêtés, discipline qui se révèle souvent capitale pour les promus.

Tessmann, lui, est plus frais encore, avec seulement 26 matchs professionnels au compteur. Positionné également au coeur du jeu, il a un profil de relayeur plus central. Très à l'aise techniquement et notamment sous pression, capable de jouer des deux pieds, il apporte une dimension physique (1m88) intéressante et utile. C'est un vrai diamant brut, avec un plafond peut-être encore plus élevé que Busio, que l'Italie va se charger de polir avec intelligence. En affrontant des Milinković-Savić, Brozović, Locatelli et autres Pellegrini, il aura sans doute de quoi apprendre, car avec un morphotype similaire à ces joueurs, c'est sans doute ce que les Laguni voient en lui.


QUELS POINTS DE REPÈRE ?

Pour encadrer un groupe assez hétéroclite, le coach Paolo Zanetti espèrera trouver pour sa première saison parmi l'élite un point de repère en Mattia 
Caldara, arrivé en prêt pour relancer une carrière qui n'a jamais vraiment atteint les promesses entrevues à ses débuts. Formé à l'Atalanta, il signe à la Juventus en janvier 2017, qui le prêtera au club bergamasque encore 18 mois, le temps de s'aguerrir. Dès son arrivée à Turin, il repart illico direction le Milan AC à l'été 2018, dans le cadre du transfert impliquant Leonardo Bonucci. Il ne s'imposera jamais chez les Rossoneri, pas plus qu'à son retour en prêt à Bergame en 2020/21. Après le très bon coup Sebastiano Esposito la saison passée, Poggi et Collauto espèrent profiter à nouveau d'un grand talent italien.

Pour retrouver la confiance lui aussi, David Okereke a rejoint la plus célèbre des lagunes en prêt pour une saison, en provenance du FC Bruges. Okereke a l'avantage de très bien connaître l'Italie, où il est arrivé à 18 ans, d'abord à Lavagnese, avant de rejoindre Spezia puis Cosenza en prêt. Avec 15 buts en 71 matchs, l'expérience n'a pas été concluante en Belgique, où il a été transféré pour 8M€. Un joueur de 23 ans connaissant bien le championnat et à la relance, lui aussi, pour aider le Venezia FC à rester sur pilotis, bien hors de l'eau.

Le marché des transferts n'a pas encore fermé ses portes, et le trio Poggi-Collauto-Menta travaille sur d'autres pistes. Sebastiano Giovinco est la rumeur persistante du moment, car il est vrai que les Arancioneroverdi manquent d'un joueur offensif d'expérience. Dans un effectif qui évoluera encore très certainement de façon significative au cours des prochains mercatos, il faudra sans doute aussi compter sur l'acquisition de joueurs italiens pour créer un liant solide dans une équipe qui compte 50% d'étrangers, ne venant pas d'un niveau supérieur qui plus est.

La saison passée, les joueurs ayant comptabilisé le plus de minutes étaient Pietro Ceccaroni, Pasquale Mazzocchi, Franceso Forte, Luca Fiordilino et Mattia Aramu. Cinq joueurs italiens, mais qui, en cumulé, n'ont jamais joué une seule minute en Serie A en carrière. Ajouté à cela l'afflux de joueurs étrangers à peine majeurs pour la plupart, et venant de championnats objectivement moins compétitifs, le pari semble risqué pour le moment, et l'enthousiasme collectif pourrait être rattrapé par une réalité sportive qui risque de plomber l'ambiance. Aucune certitude, évidemment, toutefois l'équipe semble réellement manquer d'expérience de l'élite dans tous les secteurs de jeu.

Si le virage marketing opéré par le club paraît obtenir toutes les faveurs, et la montée en Serie A autorisant à nouveau la promesse d'une réussite sportive, c'est maintenant, à n'en pas douter, que le plus dur commence pour le président Niederauer et son équipe. Abonné aux montagnes russes entre toutes les divisions professionnelles du pays, le club vénitien ne trouvera pas sa salvation dans un project artistico-marketingo-sportif, pas plus que dans son engouement pour la data moderne. Il devra avant tout mettre sur pied un projet sportif durable, dont les prémices sont néanmoins encourageants, mais à bien des égards encore un peu frêle.

Dans le cas où ce projet passe effectivement par une politique de transferts favorisant les jeunes et les recrues étrangères comme jusqu'à maintenant, il faudra alors rapidement entourer toutes ces promesses méconnues de cadres rompus aux joutes de la Serie A, capables de les aider à s'imposer dans un nouveau pays aussi bien que dans un nouveau football. Faute de quoi les tifosi verront à nouveau couler leurs espoirs au fond des nombreux canaux qui protègent la ville autant qu'ils la piègent, la laissant s'offrir aux convoitises de tous, jusqu'ici incapables de lui renvoyer tout son éclat. ​
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